Les Évangiles sont des documents historiques, presque des chroniques, de toute première main
Françoise Demanche - Bulletins Nr. 2
Deux archéologues amateurs ont découvert - en 1986 - la carcasse d’un vieux bateau, envasé près de la rive de Génésareth en face de l’ancien site de Magdala, patrie de la Marie Magdeleine des Evangiles. Le service des Antiquités d’Israël s’y est vivement intéressé : il a fait rapidement dégagé ce débris, l’a fait examiner, mesurer (7,9 m x 2,2 m) et restaurer. Par la méthode du Carbonne 14 la date de 85 à 15 avant J.-C. lui a été attribuée. Son bordage est fait de bois de cèdre et sa membrure de chêne, mais le reste de la construction est de matériau pauvre. La barque était semble-t-il pontée à l’avant et à l’arrière.
Comme le fait très finement remarquer B. Bonnet Eymard (dans Bible-Archéologie-Histoire, tome II p.98) : « Cette embarcation témoigne de la véracité des récits évangéliques jusque dans le choix des prépositions. Saint Marc raconte comment, avant d’imposer silence au vent et à la mer déchaînés, Jésus était ’dans la poupe, sur le coussin, dormant’ (Marc 4,38). Non pas ’à la poupe, dormant sur le coussin’, comme le traduit la Bible de Jérusalem, là où il aurait gêné la manœuvre ! Mais ’dedans’, préposition grecque ’en’, ce qui correspond à la disposition de l’épave retrouvée. Sous le pont arrière il y avait un espace couvert, généralement réservé pour les filets, assez grand pour qu’un homme puisse s’y tenir, bien à l’abri. »
Cette intéressante trouvaille qui donne une idée des embarcations de pêche à l’époque du Christ a fait travailler les imaginations et l’on parle maintenant, deuxième millénaire aidant, de la ’barque de Jésus’. Nul doute que ce sera un des points obligés des parcours touristiques et pérégrinants qui se dérouleront en Israël pour ce deux millième anniversaire de la naissance de Jésus.
Notons à propos de la pêche antique, l’activité remarquable de M. Mendel Nun, un membre du kibboutz Ein Gev, situé sur la rive est du lac un peu au sud de Gadara, ou pays des Gadariens ou Géraseniens, où eut lieu l’épisode des possédés guéris par Jésus et dont les démons provoquèrent la noyade de troupeaux de porcs (cf. Lc 8,26 et sqq - Mt 8,28 et sqq - Mc 5,1 et sqq). M. Mendel Nun a d’abord collecté des vestiges à demi enterrés le long des berges, massives ancres de pierre, petites pierres percées destinées à lester les bords des filets et autres objets utilisés par les pêcheurs de l’antiquité. Sa profonde connaissance de la topographie locale et des passages de la Bible relatifs à cette contrée lui a permis de localiser plusieurs anciens ports qui existaient au temps de Jésus et qui ensuite furent détruits, notamment par les Romains après 70. M. Mendel Nun a publié à plusieurs reprises le résultat de ses découvertes sur les anciens sites, les changements de niveau des eaux, les méthodes antiques de pêche. Le livre qu’il a publié en 1964 sur les ’Anciennes pêcheries juives (en hébreu) a reçu le prestigieux prix Ben Zvi.
Sa connaissance de ces anciennes techniques n’est pas purement intellectuelle. Il a lui-même travaillé plusieurs années comme pêcheur à Ein Gev, avant l’introduction des moyens modernes de pêche. Ce qu’il a pu pratiquer ainsi dans sa jeunesse n’était guère différent de ce qui se faisait au temps de Pierre et des fils de Zébédée.
Enfin il a réussi à ouvrir un musée de la pêche ’Beit ha-oganim’, c’est-à-dire ’Maison des ancres’ à Ein Gev. Ce musée abrite les collections d’objets recueillis par son fondateur ; il vient également d’acquérir une réplique, faite en Egypte par des constructeurs traditionnels de bateaux, du fameux ’bateau de Jésus’. L’intérêt de ces objets est doublé par les explications que Mendel Nun donne volontiers sur leur usage et les différentes manières antiques de lancer le filet.
Ce musée est une source merveilleuse pour aider les Chrétiens à comprendre la vie de ces pêcheurs du lac de Génésareth, dont Jésus a fait des pêcheurs d’hommes (Mt 4,19 - Mc 2,17 - Lc 5,4 à11).
D’autres équipes internationales et pluridisciplinaires continuent avec le Père Bargil Pixner, du monastère de la Dormition à Jérusalem, à travailler sur ces sites et notamment celui de l’ancienne Bethsaïde, récemment identifié. Nous aurons l’occasion de vous parler de ces confirmations archéologiques de l’historicité des Evangiles.
Jacqueline Olivier
Antoine Luciani
Mademoiselle Demanche