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Les évangiles apocryphes


novembre 2017
Auteur :

Marie Christine Ceruti

« L’adjectif « apocryphe », s’il se réfère à des textes chrétiens, que ce soit dans son acception positive et primitive – dans le sens qui a été utilisé d’abord – de « secret », « caché », ou dans celui, négatif et postérieur, de « faux », « inauthentique », implique un jugement de la part de celui qui connaît, tire profit, lit un texte déterminé et le définit précisément comme « apocryphe ». Il s’agit donc d’un mot connexe au moment de la réception plus qu’à celui de la composition du texte… »

… C’est ainsi que Emanuela Prinzivalli, professeur associé d’histoire du Christianisme antique à l’Université d’études de Pérouse commence un article sur les apocryphes. D’emblée nous voyons que la réalité des faits (rapportée ou non par les Evangiles) est une valeur qui n’existe pas. Seule existe la subjectivité, le « pour soi », parce que « il n’y a pas de faits mais seulement des interprétations » selon la formule de Nietzsche que vient de fustiger Monseigneur Caffarra, le nouvel archevêque de Bologne, en soulignant que nous avons affaire à une philosophie qui domine notre culture et rend toute éducation impossible. (C’est ce présupposé qui atteint de plein fouet la question de l’historicité des Evangiles mais qui pourrit aussi toute la question de la connaissance et à travers elle notre société en lui ôtant la vertu indispensable de l’espérance.)

Nous assistons aujourd’hui à une nouvelle offensive, un nouveau cheval de Troie pour entrer dans la citadelle catholique et essayer d’en saper les bases en détruisant les Evangiles. J’avais remarqué depuis quelque temps qu’à la fin des conférences sur leur historicité une personne au moins posait la question de ce qu’il fallait penser des évangiles apocryphes. La réaction normale, celle qu’a eue l’abbé Carmignac (Cf. notre n° 18) devant cette même interrogation à la fin de la conférence de Cambrai, consistait à dire : il s’agit soit de récits de style « contes de Noël », un peu mièvres et sans importance, soit de textes qui s’inspirent des vrais Evangiles en y mêlant adroitement les thèses gnostiques. Quant à la valeur historique de ces écrits, il faut dire que tel ou tel passage peut éventuellement renfermer quelque souvenir historique mais qu’il vaut mieux être prudent sur les points de détail et tout à fait sceptique sur l’ensemble. C’était l’attitude du chrétien sérieux. Aujourd’hui tout a changé et nous lisons, nous entendons partout que les Evangiles canoniques étant le fruit de longues traditions - orales qui plus est -, le résultat de ce que des communautés tardives ont voulu nous faire savoir de ce que « pour elles » était le Christ, la somme de couches sédimentaires variées empilées au cours des âges… ils ont exactement le même pedigree que les apocryphes. Et comme, de plus ou moins bonne foi, certains exégètes n’hésitent pas à dire que les évangiles apocryphes ont peut-être été écrits un peu tard mais qu’ils comportent des « éléments » plus anciens sans doute que les canoniques, nous nous apercevons tout d’un coup qu’ils n’hésitent pas non plus, au besoin, à faire d’un évangile apocryphe l’étalon qui va permettre de juger de l’historicité ou de la valeur du texte d’un Evangile canonique.
En analysant de près les textes exégétiques on s’aperçoit avec effarement que toutes les excuses sont bonnes (ou même pas d’excuse du tout) pour vieillir les apocryphes (comparez les dates qui leur sont données dans les différents manuels : non seulement elles varient beaucoup d’un exégète à l’autre, mais la tendance est toujours d’affirmer « telle date mais en fait origine beaucoup plus ancienne… »), alors que pour les Evangiles canoniques c’est l’inverse tous les prétextes sont avancés pour les rajeunir. Voyez ceci par exemple : La découverte du papyrus Rylands interdisait à tout jamais que l’Evangile de Saint Jean puisse être daté de plus tard que de 100, il n’empêchait pas du tout qu’il le soit de 50 ou même de plus tôt, mais le chœur des exégètes a décrété qu’il datait par conséquent de 100.
Une autre perfidie s’ajoute à la première : il s’agit d’attribuer à l’Eglise des origines la culpabilité d’avoir imposé dictatorialement la canonicité des textes qui lui étaient le plus profitables. Autrement dit ce n’est pas parce que les Evangiles canoniques reproduisent des faits réellement arrivés qu’ils sont entrés au canon des Ecritures, non c’est parce que l’Eglise despote et assoiffée de pouvoir a considéré arbitrairement que ceux-là soutiendraient son autorité et que tout aussi arbitrairement elle a exclu les autres qui pouvaient lui nuire, bien qu’ils eussent la même valeur. .
Il est évident ici que des travaux comme ceux de l’abbé Carmignac et de tous nos amis, qui datent les Evangiles canoniques de l’époque où vivaient encore des témoins oculaires, mettent en grande difficulté notre cheval de Troie. S’il existe un fossé, large et non-navigable, entre les dates des canoniques et celles des apocryphes, si les premiers relèvent de témoins et les autres pas du tout, comment attribuer plus de « vérité » aux seconds ou prétendre que leur exclusion a été inique ? Le cheval tombe à l’eau.



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