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Les calendriers de Qumrân


novembre 2017 N° 24
Auteur :

Bruno Bioul

Mademoiselle Demanche avait laissé à l’Association un certain nombre d’articles et de notes qui sont naturellement à la disposition de ceux de nos lecteurs qui voudraient les consulter. Parmi ceux-ci elle attachait une particulière importance à celui qu’elle avait commencé concernant le jour et le mois - 25 décembre - de la naissance de Jésus, date qui serait confirmée par un calendrier retrouvé à Qumrân. Malheureusement le manuscrit très touffu et non terminé semblait très difficile à publier, n’étant encore qu’un brouillon, avec beaucoup de chiffres, et des transcriptions de l’hébreu. Nous étions donc fort embarrassés pour honorer la mémoire de l’auteur et accomplir son souhait de nous voir terminer son article. Mais voici qu’un fait inattendu nous permet de réparer cette situation…
Commençons par citer Mademoiselle Demanche - en rappelant que quelques exégètes avertis ont trouvé bon d’avancer péremptoirement qu’à Qumrân aucun calendrier n’avait été retrouvé… Vous trouverez le plus notable de ceux-ci (le 4Q321) en encart (Droits Réservés) grâce à l’envoi de Monsieur Bioul que nous remercions.

« Les documents relatifs au calendrier trouvés à Qumrân ne peuvent se comparer avec nos actuels calendriers. Ils ont à l’évidence un but en rapport avec le culte rendu au temple par les prêtres aux époques ou aux jours les plus solennels de l’année liturgique. Il y a de simples énumérations de mois selon leur nombre ordinal. Certains autres sont des répertoires de Sabbats et des "saisons saintes" dans lesquels tous les sabbats de l’année sont signalés, avec les fêtes bibliques - Parmi eux le 4Q326 et 327 parlent aussi de fêtes spécifiquement Qumrâniennes qui n’ont pas de base biblique.
D’autres sont des tables des tours de garde des prêtres au Temple, en accord avec la liste postexilique des noms des 24 familles de prêtres citées en Chr 24 - 7 à 19.
D’autres sont la liste (mischmarot) des gardes au commencement de chaque mois et de chaque année sur un cycle de 6 ans consécutifs.
On y trouve aussi des tables de concordance des dates spécifiques de l’année solaire et de l’année lunaire. Dans ce type de calendrier sont aussi notés les noms des gardes sacerdotales selon leur semaine. Ainsi sur ces répertoires trois phénomènes sont alignés : le calendrier solaire, le calendrier lunaire et la liste des gardes sacerdotales dans la succession de leur service.
Le 4Q321 est un document composite dans lequel deux dates spécifiques de chaque mois lunaire sont coordonnées avec deux dates du calendrier solaire, sur un cycle de six ans consécutifs. En même temps ces jours sont aussi reliés aux listes des services de garde sacerdotale."
Ailleurs elle écrit :
« On a retrouvé dans les manuscrits de Qumrân un nombre surprenant de documents relatifs au calendrier. Il est à remarquer que la plupart sont en relation avec les dates des fêtes bibliques prescrites dans le livre des Nombres. Ils nous ont apporté des renseignements sur l’organisation du calendrier à cette époque.
La querelle du calendrier était un des thèmes aigus de désaccord chez les Juifs du second Temple. Alors que les Pharisiens avaient adopté le calendrier lunaire, Qumrân restait fidèle au calendrier solaire, composé de 364 jours, répartis eux-mêmes en 52 semaines pleines. »

Or, nous recevons de Monsieur Bruno Bioul, qui est, rappelons-le, historien et archéologue, chargé d’enseignement à l’Université de Bourgogne, une lettre - dont est extrait le passage suivant - qui confirme ce que Mademoiselle Demanche commençait à démontrer :

« Je voulais vous entretenir d’une découverte révélée au public en novembre 1999 dans un numéro de Holy Land par le spécialiste israélien Shemaryahu Talmon. Cette découverte, qui n’est pas toute récente, n’a – à mon avis – pas reçu toute la reconnaissance qu’elle méritait parce que, justement, elle confirme l’historicité des Evangiles.
Rappelons d’abord deux points largement reçus . D’une part, selon l’exégèse contemporaine, les récits de l’enfance de saint Matthieu et de saint Luc sont des écrits tardifs rajoutés au corpus des texte évangéliques, voire même de pures fictions, des légendes sans aucun fondement historique…D’autre part, selon l’opinion la plus courante, le 25 décembre, date de la Noël, est la christianisation de la fête romaine de Sol Invictus, le Soleil invaincu, qui célébrait le solstice d’hiver.
Et voici qu’un fragment de manuscrit de la grotte 4 de Qumrân (le 4Q320-330, et en particulier le 4Q321) vient remettre en question cette dernière interprétation. Et, par contrecoup, remet en question aussi la première de ces deux idées reçues, et fait scintiller de l’éclat de la vérité historique certaines précisions données dans les Evangiles de l’Enfance.
On sait par le Premier livre des Chroniques (24, 1-28) que les prêtres à qui incombait le service du Temple étaient répartis en 24 classes sacerdotales qui oeuvraient à tour de rôle deux fois par an pour une durée d’une semaine chaque fois. D’autre part saint Luc (1, 5) nous apprend que Zacharie, le père de Jean-Baptiste, était un prêtre de la classe d’Abia, et qu’un ange lui apparut alors qu’il officiait dans le Temple pour lui annoncer que sa femme était enceinte. Le fragment de Qumrân est justement un calendrier des services du Temple, qui spécifie, pour chaque semaine de l’année, la classe sacerdotale qui doit officier dans le temple. C’est ainsi que l’on sait que la classe de Zacharie prenait son service dans la première année du cycle de six ans, le troisième mois (siwan), dans la semaine du 8 au14, et le huitième mois de l’année (heshwan), dans la semaine du 24 au 30.
Cette dernière date correspond à la fin de notre mois de septembre (notons que le calendrier byzantin fête la conception de Jean-Baptiste le 23 septembre justement) : saint Jean-Baptiste serait donc né 9 mois plus tard, c’est-à-dire vers le 24 juin, qui est précisément la fête de saint Jean.
Or, comme le même Luc nous précise que l’Annonciation a eu lieu six mois après la conception de saint Jean (Lc 1, 26), Jésus serait né 6 mois après Jean-Baptiste, donc vers le 25 décembre. CQFD.
Ainsi, à nouveau, les manuscrits de Qumrân viennent apporter une preuve indiscutable de l’historicité des Evangiles en accréditant la date du 25 décembre (l’année est toujours discutée) pour la naissance du Christ.
Décidément, Qumrân nous réserve encore de belles surprises !

Terminons par ces deux points que Mademoiselle Demanche pensait développer elle-même dans sa conclusion :

« Rendre grâce pour cette preuve, non cherchée, mais donnée par le jeu des découvertes archéologiques et des recherches historiques menées par des savants non-chrétiens de l’Université hébraïque de Jérusalem – qu’on ne peut accuser de partialité. Ne pas mépriser les anciennes traditions liturgiques malmenées par la méthode historico-critique. »



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