Les Évangiles sont des documents historiques, presque des chroniques, de toute première main
M.-C. Ceruti
Catalogue des manuscrits géorgiens littéraires du Mont Sinaï
Il nous a semblé que nos adhérents seraient heureux de voir publier dans nos Nouvelles la reproduction de deux pages de l’ouvrage de Gérard Garitte Catalogue des manuscrits géorgiens littéraires du Mont Sinaï, publié à Louvain en 1956, portant des dates précises pour la rédaction des Evangiles.
Le texte latin porte successivement page 52, ’Gloria tibi, Domine... etc.’ :
– ’Gloire à toi, Seigneur. L’Evangile selon [1] Matthieu a été écrit la huitième année après l’ascension de notre seigneur Jésus-Christ. Christ aie pitié du doyen [2] Daniel et pardonne à Gabriel. Amen.’
– ’Gloire à toi, Seigneur. L’Evangile selon [1] Marc a été écrit la onzième année après l’ascension de notre seigneur Jésus-Christ. Christ aie pitié du doyen [2] Daniel de la croix, et pardonne à Jean. Amen.’
– ’Gloire à toi, Seigneur. L’Evangile selon Luc [1] a été écrit la quinzième année après l’ascension de notre seigneur Jésus-Christ. Christ aie pitié de Daniel et pardonne à Gabriel.’
– ’Gloire à toi, Seigneur. L’Evangile selon [1] Jean a été écrit la trente deuxième année après l’ascension de notre seigneur Jésus-Christ. Christ aie pitié de Daniel.’
Et page 53 ’Potentia, gratia et auxilio...etc.’ :
’Par la puissance, la grâce et l’aide de Dieu j’ai été rendu digne, moi, le pauvre Daniel et le plus petit de tous, d’acquérir et d’écrire ce saint évangile illuminant les âmes, pour la glorification de Dieu et pour qu’on prie pour mon âme digne de pitié, pour l’âme de mes supérieurs Georges Prochore et (celle) du Père Georges, pour l’âme de mes parents, de mes frères..., de mes frères spirituels, du prêtre Jean et de tous... Ce tétraévangile [3] a été écrit [4]dans la sainte ville de Jérusalem dans le saint monastère et sous la direction de Georges - que Dieu glorifie son âme - de la main du cher Gabriel, que Dieu lui pardonne.’
Suit la mention de la date 212 (= 992 après J.-C.)
Le Professeur Zaninotto avait publié un article dans La Lettre des Amis de l’Abbé Carmignac où il expliquait que ces dates des Evangiles avaient été déjà données au Synode de Jérusalem en 836 en présence des trois patriarches d’Antioche, d’Alexandrie et de Jérusalem. Il soulignait ’le poids d’un témoignage qui, étant fondé dans la tradition melkite, est par conséquent celui d’une vaste région de l’orient chrétien, en particulier celle de l’Eglise de Jérusalem.’ Il donnait en outre la liste des codex dont il a connaissance et qui portent la même information.
D’autres lecteurs pourront sans doute nous apporter de plus amples informations sur ce sujet si intéressant mais malheureusement négligé par la plupart des exégètes.
Précisons que le Professeur van Esbroeck de l’Université de Munich, qui a été l’élève du Professeur Garitte, m’a personnellement assurée que le texte latin reproduit fidèlement le texte géorgien.
[1] Mot à mot : ’de la source de Matthieu’ (’de Marc’, ’Luc’ ou ’Jean’).
[2] Exactement : ’supérieur de dix moines’.
[3] En fait un Evangile qui contient les quatre Evangiles.
[4] Exactement : ’écrire avec quelqu’un’.
Reginald Wehrkamp-Richter
avec la collaboration de J. C. Olivier