Les Évangiles sont des documents historiques, presque des chroniques, de toute première main
Mademoiselle Demanche
Jusqu’à la fin Mademoiselle Demanche a aimé notre association et tenu son rôle de chef de rédaction de ce bulletin. Voici l’article qu’elle n’avait pu écrire elle-même mais que, sur ses directives, nous nous apprêtions à publier.
Nous en possédons d’autres préparés ou ébauchés par elle…
Mademoiselle Demanche nous demande de transmettre à nos lecteurs une analyse - presque une découverte - faite par le Père Ignace de La Potterie et publiée par plusieurs revues catholiques. Il s’agit du sens à donner au verset 31 du chapitre I de Saint Luc, celui où l’ange de l’Annonciation déclare à la Vierge :
« Et voici que tu concevras en ton sein »
La précision « en ton sein » peut sembler inutile mais c’est une grave erreur, une audace inadmissible que de la supprimer nous dit cet exégète. En effet à l’analyse cette expression indique une conception exceptionnelle sans l’intervention d’un homme.
Le Père de La Potterie compare en effet cette expression avec celle de Saint Matthieu (I 23) qui reprend celle d’Isaïe : « Voici que la Vierge aura en son sein et mettra au monde un fils ». Ici puisque l’ange s’adresse à la Vierge à la deuxième personne, le sujet « Vierge » disparaît pour être remplacé par « tu » (mais à deux reprises auparavant Saint Luc avait précisé que l’interlocutrice de l’ange était vierge). Comment va-t-il s’y prendre pour que la conception de Jésus soit reconnue comme œuvre divine ? Il va utiliser cette formulation absolument unique dans toute la Bible de « concevoir en son sein » qu’il n’emploie précisément que pour la mère de Jésus. L’Ancien Testament utilise très fréquemment les expressions « recevoir en son sein » et « avoir en son sein » qui l’une comme l’autre n’excluent pas le rapport sexuel. Le verbe « concevoir » y est aussi très fréquent. Saint Luc met ici ensemble ces deux expressions pour expliquer que la conception est arrivée précisément « dans le sein de la Vierge Marie », qu’elle a été tout intérieure, réelle mais non physique, à la suite d’une action fécondante spirituelle. L’auteur fait remarquer que pour Sainte Elisabeth la cousine de la Sainte Vierge et la mère de Saint Jean Baptiste qui n’était pas vierge, Saint Luc utilise deux fois le verbe concevoir mais justement sans « en son sein » :
« Elisabeth, sa femme, conçut et elle se tint cachée durant cinq mois » (I 24)
« Et voici qu’Elisabeth, ta parente, vient elle aussi de concevoir un fils en sa vieillesse » (I 36)
Alors que pour la Vierge, outre le verset que nous analysons, nous trouvons plus loin :
« Comme il avait été appelé Jésus par l’ange avant d’avoir été conçu en son sein » (II 21)
Jésus est bien le Fils d’une Vierge et de Dieu.
Marie Christine Ceruti
Jacqueline C. Olivier