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Que nous dit Saint Jérôme au sujet des origines du Nouveau Testament ?


décembre 2013
Auteur :

Paul Bousset

Je me trouve posséder – elle me vient de mon père – une vieille édition de poche de la Vulgate qui contient tout le Nouveau Testament en latin. Elle date de 1892 (à la librairie Mame, à Tours)… un siècle d’existence !

J’y ai trouvé, en introduction, des extraits des préfaces écrites par Saint Jérôme au sujet de l’origine et des caractéristiques des Evangiles, Epîtres, etc. Au total : une douzaine de pages, bien référencées par rapport à l’original.
C’est une documentation précise qui n’exclut pas une sage prudence :
Quand le cas se présente, Saint Jérôme sait très bien avouer son doute ou son ignorance.
Voici un échantillon de ce document dans la présentation originale (mais sensiblement agrandi). Que dit-il ?
Que Matthieu commença son apostolat en Judée. Il composa son Evangile « en lettres et en langage hébraïques ».
Qui l’a traduit en grec ? On ne sait pas exactement. Cependant un exemplaire hébreu a été conservé « jusqu’à ce jour » (dit Saint Jérôme) « in Caesariensi bibliotheca ». (S’agit-il d’une bibliothèque de Césarée ?)
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Par ailleurs Saint Jérôme précise que les citations bibliques (fréquentes chez Matthieu) ne sont pas empruntées à la version « des Septante », mais à l’hébreu.

Voici maintenant l’essentiel de l’introduction à l’Evangile de Saint Marc :

 Marc, « disciple et interprète de Pierre », à la demande des frères de Rome, écrivit son évangile en suivant l’enseignement de Pierre. (« breve scripsit » = « écrivit en abrégé », précise Saint Jérôme. Je me permets de penser que Saint Jérôme fait état d’une écriture abrégée, une « sténo » avant la lettre, qui permet de rétablir sensiblement le texte exact du « maître ». Ceci explique en outre que Marc ait emporté à Alexandrie son manuscrit original… (dont personne d’autre ne pouvait se servir). « Assumpto itaque evangelio quod ipse confecerat, perrexit Ægyptum ». Saint Jérôme s’appuyant sur un texte de Clément, précise en outre que Pierre le fit publier pour qu’il soit lu aux Eglises sous son autorité.

Au sujet de Saint Luc, Saint Jérôme, après avoir rappelé le témoignage de divers passages des Epîtres de Saint Paul, résume la question en disant : « Il (Saint Luc) a écrit l’Evangile comme il l’a entendu, mais il a composé les Actes des Apôtres comme il les a vus. »

Saint Jérôme indique aussi une date pour la composition des Actes : « la quatrième année du règne de Néron. »

Et voici résumé ce que dit Saint Jérôme au sujet de Saint Jean : L’apôtre Jean, le disciple bien aimé de Jésus, a été le dernier à composer son Evangile, à la demande des évêques d’Asie, pour lutter contre les hérétiques, qui niaient en particulier l’existence éternelle du Christ. On disait aussi, rapporte Saint Jérôme, que Jean désirait combler, dans l’histoire de la prédication de Jésus, la période non couverte par les synoptiques.
Saint Jérôme parle ensuite des Epîtres de Jean : la première, universellement attribuée à l’Apôtre, les deux autres (à « la Dame élue » et à Gaïus) sont attribuées à Jean le Presbytre. A ce propos, il est question « des deux tombeaux de Jean » à Ephèse.
Jean écrivit l’Apocalypse à Patmos, puis revint à Ephèse. C’est là qu’il mourut (la 68ème année après la Passion du Seigneur).
Dans les pages suivantes, Saint Jérôme parle de la vie de Saint Paul, de ses épîtres, et date sa mort de « la 14ème année de Néron, le même jour que Pierre ».
Suivent des commentaires sur l’Epître aux Hébreux (avec discussion sur l’identité de son auteur), sur l’Epître de Saint Jacques, sur celles de Saint Pierre…
A ce propos j’aimerais faire une remarque : Saint Jérôme indique textuellement : « Il (Pierre) écrivit deux épîtres qu’on appelle catholiques ; la plupart nient que la seconde soit de lui, à cause de la dissonance du style avec la précédente. »
Mais Saint Pierre, ancien pêcheur du Lac de Tibériade, n’avait certainement pas la culture littéraire d’un écrivain, surtout lorsqu’il fallait utiliser le grec qui n’était pas sa langue maternelle. Quand Marc avait mis par écrit son Evangile, Pierre avait été aussitôt d’accord : « « …breve scripsit evangelium. Quod cum Petrus audisset, probavit ».
Il n’est pas absurde de penser que Pierre, utilisant des secrétaires pour écrire ses épîtres, leur ait laissé une certaine latitude pour la mise en forme. Il suffit que les deux secrétaires aient été différents : l’écart de style en découle naturellement.
J’évoquerai un souvenir personnel : quand je travaillais encore comme chimiste, on me demandait parfois de traduire du courrier à destination des correspondants américains. Je faisais de mon mieux… en utilisant de préférence les tournures anglaises que je connaissais. Un autre aurait sans doute exprimé les choses un peu différemment… mais c’était toujours la lettre du chef de service !
Après quelques lignes au sujet de l’Epître de Saint Jude, un dernier extrait résume très brièvement l’ensemble.
Que conclure de ce tour d’horizon ? Que les témoignages des premiers siècles méritent qu’on s’y arrête. Au 4ème siècle, Saint Jérôme avait lui-même à sa disposition des textes plus anciens qu’il cite à l’occasion (une série de livres de Clément, des écrits de Tertullien…).
Ce retour aux sources réveille notre confiance dans le Nouveau Testament.

C’est parfois bien utile de nos jours.



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